Il y a un côté très rassurant à s’embarquer dans un livre où est inscrit dès le départ « Vous décidez des sujets, mais moi je décide si j’ai envie de livrer ou non un souvenir. » On sait dès la première page que l’on va assister à une démonstration empirique. Et on jubile parce que l’on sait que la montagne qu’Erri de Luca s’apprête à gravir lui est très familière. Qu’il est tout autant capable de faire tomber ses propres résistances pour explorer sa vérité intérieure que résister aux assauts extérieurs et la sauvegarder. On sait qu’il a le pouvoir de résister à l’ennemi.
Catégorie : Editions Gallimard
Montedidio de Erri De Luca traduit de l’italien par Danièle Valin (Editions Gallimard)
« La journée est une bouchée ». La voici donc la bouchée dont j’avais besoin ces jours-ci. Posée au sommet de ma tour italienne, ce « Montedidio » attendait que ma soif d’ascension se déclare. Une envie d’ailleurs, un voyage à Montecatini dans une pension que j’aime beaucoup annulé, un besoin de lumière crue et de sauvagerie. Le souffle du grand placard de livres de quatre-vingt centimètres de profondeur où je déplace les montagnes selon la météo (une photo pour illustrer peut-être un jour) a frappé les flancs du Montedidio, et je l’ai lu en un jour Continuer la lecture de « Montedidio de Erri De Luca traduit de l’italien par Danièle Valin (Editions Gallimard) »
L’imitation de Bartleby de Julien Battesti (Collection l’Infini, Editions Gallimard)
Le train zéro de Iouri Bouïda traduit du russe par Sophie Benech (Collection l’imaginaire chez Gallimard)
Iouri Bouïda précipite un train dans un bruit de ferraille : le train Zéro.
Sans oublier de vivre. « De toute façon, il fallait bien vivre. Planter les pommes de terre. Préparer le foin. Sécher les champignons. Egorger le cochon… Pas le temps d’être fatigué. Pas le temps de penser non plus, d’ailleurs. Les pensées, ça fatigue plus que la masse. Ça brûle les forces. »
Sans oublier les traverses. « Les meilleurs traverses sont en chêne ou en pin, mais on peut utiliser le mélèze ou le sapin. Faut savoir ça sur le bout du doigt. C’est ça, la connaissance, la force, autrement dit le pain, la nourriture, la vie. »
Et la vie, les femmes. Fira, Continuer la lecture de « Le train zéro de Iouri Bouïda traduit du russe par Sophie Benech (Collection l’imaginaire chez Gallimard) »
Par les routes de Sylvain Prudhomme (Editions l’arbalète)
« J’avais retrouvé l’autostoppeur il y a six ou sept ans, dans une petite ville du sud-est de la France,… » Ainsi démarre cette histoire où l’autostoppeur – jamais nommé autrement – nous embarque dans la France des autoroutes. Le départ donc, synonyme de désir. Le désir comme immanence. Le tiraillement qui en résulte est le fil conducteur de cette histoire.
Il y a celui qui part, et celui qui reste. Celui qui reste donc est Sacha, écrivain qui désire faire le vide dans une vie où il piétine, à l’aube de sa deuxième moitié de vie. Il emporte pour seuls bagages deux sacs et s’installe dans la ville V. avec une « envie de table rase. De concentration. De calme. » Quelques vêtements et livres auxquels il tient. Continuer la lecture de « Par les routes de Sylvain Prudhomme (Editions l’arbalète) »
Le retour de Gustav Flötberg, de Catherine Vigourt (Editions Gallimard)
Catherine Vigourt aurait pu se lancer dans une diatribe savante et documentée sur l’état de notre littérature, sur la fadeur, la fatuité de certains auteurs, le comique des situations. Les circonlocutions des uns et des autres pour attirer le chaland. Faire un inventaire de ce qui définit la vigueur – l’absence surtout – d’une plume. Le désir. Ah, la vigueur ! La vie-leurre…
Mais Catherine Vigourt aime s’amuser. Elle aime les situations cocasses. Si en plus elle peut le faire en jouant avec la langue, c’est encore mieux.
Alors, prenez un roman culte, que beaucoup d’entre nous ont lu plus d’une fois ; prenez donc par exemple Madame Bovary. Plongez ce cher Monsieur Flaubert dans notre époque moderne et flanquez-lui un agent, Nancy Erocratos, d’une servilité sans faille devant son génie moderne productif – comprenez le génie d’un écrivain à succès qui a écrit la trilogie : La femme qui voulait marcher dans le ciel avec des palmes. Quelle est la question qui s’impose ? La postérité bien sûr ! La postérité dans le cirque littéraire d’aujourd’hui. Mais aussi d’hier, car évidemment, il y avait aussi à cette époque une scène littéraire où la vanité et la bassesse étaient de mise.
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Trente ans d’amour fou de Dominique Rolin (Editions Gallimard)
La vie princière (Collection l’Infini, Editions Gallimard) et l’invité (Revue l’infini 141) de Marc Pautrel
Un homme effacé d’Alexandre Postel (Editions Gallimard)