Ma maison

Ma maison je la voudrais sans loi, les volets
De guingois, habillée de pierres rouges, poreuse
Et verdie par les herbes hautes d’une prairie habitée.

Ma maison, les hirondelles la tissent, rassemblent
Les tuiles de ciel dans une infinie ronde ; hystériques,
Sèment leurs cris – Victoire ! Victoire ! – écartent les voix.

Ma maison, ce sont les fenêtres sans vitres qui l’assiègent
Le soleil comme la nuit ; ma table au centre et ses veillées à peau
Frileuse comme ses conquêtes soyeuses rabattent ses volets percés.

Vie du poème de Pierre Vinclair (Editions Labor & Fides)

Il y a quelque chose d’extrêmement touchant dans la manière qu’a le poète Pierre Vinclair d’aborder la fabrique du poème. Il y a chez lui cette conscience de la détermination réciproque de l’effort tendu – du don – et de sa réception.

Dans cet essai, Pierre Vinclair analyse rétrospectivement comment tous ses poèmes se sont formés, comment il a appris à les redresser, pour leur donner une « dignité » dans un effort tendu vers un lecteur donné. Après une période où il a dressé les axes d’un projet pour une résidence de Kyoto, il a appris à entrelacer les trajectoires déterministes et le hasard, à inviter les anachronismes dans son histoire, à dégager de sa succession de notes prises sur le vif une sonorité urbaine, dans un marché-crawlé dans les rues des grandes villes où s’activent les travailleurs transparents. Il fait danser ses phrases âpres en s’adressant à ses frères, en racontant une vie mangée par la laideur ; il est sans cesse interrompu dans ses gestes quotidiens par les gestes prosaïques des vies d’ailleurs.

Doté d’une conscience aigüe de l’importance de la réception d’une œuvre, du jeu qui se joue derrière cette réception, Pierre Vinclair n’aime pas flouer son public. Et, chose rare, il saisit pour vous toutes les étapes intermédiaires avant de tirer les fils du nœud final,

avant l’instant où les

« Mots, vers, strophes sonnets filent en dialectique

Le discret et le continu, cousent un rythme :

Une unité retient l’autre en figure, écho

Ouvert, puis clos à terme sur le mètre échu.

            La prose a besoin d’un volcan pour sa lave

            avance – et le poème est un carillonnage. »

( Sonnet 36 de « Sans adressse» )

Il vous donne ce que peut donner un poète de terrain. « Je dis que le poème est dressé, je pourrais dire redressé ― au même sens où on dit à quelqu’un d’avachi de se redresser pour la photo : le poème final n’est plus en coulisses comme sa version de carnet. Il pose dans l’espace public, il sait qu’on le regarde, il est sur scène. J’expliquerai dans un prochain chapitre la parenté que je lui trouve avec le rituel. » Et il illustre ce redressement par des exemples concrets, comment il reprend ses vers jetés sur le vif, concentre sa vision, comment « une forme apparaît peu à peu dans ce redressement, et dans cette forme le type de dire qui définit l’existence et la dignité du poème. Une nouvelle expérience prend alors le relais, qui se déploie cette fois dans l’attention, non au réel, mais aux possibilités de la langue. »

Pierre Vinclair raconte les crises qui l’ont fait, les amitiés qui l’ont nourri, les poèmes adressés. Les poètes qui ont jalonné son parcours, en particulier dans son investissement politico-poétique – Claude Pinson qu’il a invité dans la revue Catastrophes, d’où sont nés « La Sauvagerie » et « Agir non agir » parus l’an passé.  Un passage traçant un rapide tour d’horizon du courant moderniste nous rappelle judicieusement que toutes les écoles de cette riche période, malgré les batailles de prises de pouvoir, nous ont légué un héritage qui  « consiste essentiellement en un point, qui empêche de le restreindre à un courant, à savoir : le refus de faire du poème une activité séparée de la vie, qui consisterait, comme de la broderie, à orner par un recours à une rhétorique traditionnelle élaborée (avec ses rimes, ses strophes, etc.) des discours idéalistes ou édifiants. Mis à l’endroit, cette définition négative devient : le modernisme est une tentative de rendre compte de la vie par l’exploration formelle. »

La langue de Pierre Vinclair s’est nourrie entre la médiathèque de Nantes au rayon poésie qu’il a souvent fréquenté, la scansion rapide de lignes de rap écrites pendant son adolescence, la rigueur de sa formation scientifique (sans cesse une recherche de consistance, d’unicité, de définition d’une base de projection), sa formation philosophique, sa lecture assidue des objectivistes américains, son travail de thèse à travers l’œuvre de William Carlos Williams, Paterson, ses traductions du Chinois, du Japonais et de l’Anglais (lire à ce propos les très belles traductions de John Donne qu’il a récemment postées sur Catastrophes).

A l’heure où la parole se fait flot, ce livre est une belle invention. Parce que les fabriques à illusions prolifèrent. Pour illuminer une opacité entretenue, faire briller un déclaré Grand Ecrivain de quelques pages supplémentaires à la Sainte Beuve (grand-père, père, mère, la vie dure, voyez comme j’ai souffert… ) qui viendront compléter les photos des carnets étalés. Les traits tirés. Renforcer les postures. Il y a un vrai renversement de valeurs dans cet essai : Pierre Vinclair choisit d’installer la pérennité du geste poétique, le distribue à qui veut s’en saisir, relance la machine du poème. Tout est élan.

Je finirai par cette citation de mon cru : « Aujourd’hui, était dissipée l’obscurité qui divise les sexes et qui abrite, bien dissimulées, d’innombrables impuretés et, si ce que dit le poète de la vérité  et de la beauté est vrai, la tendresse d’Orlando gagna en beauté ce qu’elle perdit en mensonge. » Virginia Woolf (traduction de Catherine P-Musard)

PS : On pourra compléter la lecture de « Vie du poème » par l’indispensable « Sans adresse », très beau recueil de sonnets qui revisite l’intime, s’accroche au monde à travers les tours de Shangaï, brise son propre élan par un sarcasme, avec un goût prononcé pour le Conceit, (a comparaison becomes a conceit when we are made to concede likeness while being strongly conscious of unlikeness, définition du Conceit par Margaret Llasera).

La scoliose de la sole

Elle s’est dit que quatre filets de sole sont faciles à détacher.

D’un geste vif, elle les a séparés, puis a installé l’arête nue et nettoyée au milieu de la terre glaise. L’assiette avait un aspect brut et sophistiqué. Un après-midi entier, la glaise a séché ; elle l’a enduite d’une eau argileuse puis l’a enfournée chez le voisin, celui qui possède un vélo à remorque bricolé avec un grand cageot rose. Quand il la lui a rapportée avec les autres assiettes cuites, elle n’a pas tout de suite reconnu sa forme, a pensé que la cuisson avait transformé son œuvre. Puis elle a tracé le contour de son poisson : du jaune qui s’évase le long du flanc, du noir pour clôturer d’un trait la courbure opposée. Deux ronds de yeux bleus. Mais l’assiette avait un aspect suspect, l’arête avait comme une encoche, un déplacement au niveau d’une vertèbre pas visible à l’œil nu. Quand on passait la main, une légère scoliose agrippait la peau du pouce. Une fois l’assiette posée loin des yeux, une fois le contour de la sole tracé, elle l’a observée un moment, se demandant ce qui pourrait bien redresser son arête. Et un jour, elle a patiemment tracé un bord orangé ajouré de points mauves tout autour de la sole.

Au milieu de la table des années l’assiette a trôné. Elle avait un contour un peu gondolé qui lui conférait un aspect brut, d’une beauté allégée des standards de l’époque, pas une forme tout à fait irrégulière ni tout à fait ronde. Le bleu des yeux disparaissait sous les fruits empilés, réapparaissait avec l’éclat des surprises et des prudences dévoyées. Le noir et le jaune des flancs teintaient d’une humeur particulière les derniers fruits mûrs. Une fois l’assiette vidée, on la passait sous l’eau, un coup de savon léger, on avait peur de l’abîmer. Et alors ressortait toujours ce bord orangé ajouré de points mauves, ce bord qui une fois déchargé du monticule de fruits conférait à l’assiette son trait de caractère vif et enflammé. Le jaune du flanc aqueux comme un citron cueilli dans une région chaude, une fois passé à l’eau, une fois l’assiette vidée de son poids, soulignait alors la belle arête bombée et sa scoliose invisible à l’œil nu.

L’assiette a longtemps alimenté les conversations. L’arête avait certainement enflammé les esprits, endiablé les imaginations galopantes, inquiété les plus aguerris : quelle colonne vertébrale pouvait rester droite, capturée dans la profondeur d’une glaise brute ?

Une fois qu’elle changeait de foyer, l’assiette retrouvait toujours sa place centrale. Elle avait fait le tour de la terre, toujours emballée dans du papier de soie, jamais confiée à un déménageur. Elle s’est nichée sur l’étagère d’un buffet exigu et coloré dans une région féroce espagnole, a recueilli des rayons saphirs saccadés par le galop d’un élevage à Rosario de Perija, s’est transformée en lune argentée dans la clarté des nuits norvégiennes, a résisté à l’énorme explosion de l’usine de cuivre FDV près de Brazzaville.

Quand l’assiette est revenue sur son assise, ou plutôt au milieu de sa table longue où l’artiste avait jeté ses premières couleurs, la collection d’assiettes à poissons était haute, mais seule celle-ci avait un éclat particulier. L’éclat de l’œil qui ne cherche pas à plaire. De l’œil vierge. De l’œil qui voit. A chaque peine, à chaque creux, chaque remontée fastidieuse à l’âge adulte, quand l’enthousiasme l’abandonnait, à chaque fois que le désir s’affolait et se prenait les jambes dans une étoffe de paillettes sous une lumière pâle, la fille observait l’assiette, passait son pouce pour sentir l’arête. Pour sentir l’encoche, douce et inquiétante. Vibrante, la scoliose sous le pouce élargissait son souffle comme une soie sous le vent. Figée dans son cercle de lumière, la sole avait l’éclat du regard frais. L’artiste éprouvait alors une vague impression de résister, d’affranchir sa colonne de sa droiture et de son maintien artificiel, de son conformisme réducteur.

La fille parlait à l’assiette. De ses deux yeux et mains elle l’agrippait. A chaque fois que le désir s’érodait. Les yeux dans les yeux, ces ronds parfaitement expressifs d’un bleu vindicatif et exigeant. Elle affrontait l’encoche. En face, très près du nez. La sole nette fidèle à l’innocence du premier jet faisait tourbillonner son regard. La face droite de la sole enfonçait ses deux ronds bleus dans les yeux de l’artiste et l’artiste répondait. Elle la sommait de poser sa face gauche bien à plat comme toute sole qui se respecte au fond de l’eau jusqu’à toucher le fond sablonneux. Elle posait son pouce sur l’assiette, goûtait la scoliose qui la nourrissait. Prendre la pente à droite, puis à gauche. Sentir sa déformation, sous le pouce le plus habile, tourner autant de fois que possible aussi loin et près du bord orangé ajouré de points mauves.

Texte écrit en souvenir d’une sole sans scoliose (et délicieuse) découverte par J. M. cet été.

Cargèse

Assise au pied du lit devant la porte-fenêtre ouverte, j’entends le roulis des vagues de l’autre côté du portail en bois. Une bande de jardin nous sépare, hérissée d’herbe, parsemée de quelques paréos se gondolant sous la brise. Je sais que cet évènement unique longtemps roulera sa fresque de vagues jamais suspendues et charriera de bleues images vagabondes.

A chaque fois le souvenir reviendra. Aussi présent que le moineau que je vois à l’instant, aussi net que l’autre moineau qui débarrassait le sol de nos miettes ces matins-là. Depuis que j’écris, les allers-retours, l’œil qui longe un souvenir et la vie immédiate se confondent, l’œil tisse son nid, l’oiseau lisse ses ailes.

Dans la maison au pied du lit, le calme. Les volets mi-clos se préparent à suspendre l’instant où le feu gondole d’un halo lancinant la surface de toute chose. Quand le soleil grillera la plante de pieds des vacanciers qui à toute hâte se précipiteront vers les volets clos, j’aurais les deux jambes à plat sur le carrelage. Entre temps, j’aurais songé à acheter des bricoles pour alimenter les trois becs affamés. M aura disposé sur la table quelques spécialités locales, figatelli et tomme de brebis, un pain aux noix. Moi, ce sera les figues d’où coule un miel de fraîcheur que je roulerai l’une contre l’autre sous l’eau courante. Et aussi des glaces mangées précipitamment avant le repas sous le soleil vertical. L’ordre importe peu puisque les vacances se glissent dans l’interstice de l’enfance, quand ailleurs dans un coin du jardin à l’abri d’une cabane, loin du regard des grands, tout était permis. L’ordre importe peu, c’est la loi du moins fort, de l’interstice élargi. Alors reviendront les restrictions, les interdictions, et alors l’espoir de les voir à nouveau anéantis se nourrira de l’interstice élargi.

Oui, nous irons au pied de la ville, là où les petites routes en lacet montent vers la falaise qui plonge. Cargèse la majestueuse, là où les hirondelles dressent le toit du monde. Si la fenêtre abandonnée, la plus belle fenêtre jamais construite est à nouveau prise d’assaut, alors les hirondelles tisseront l’air à nouveau, et je resterai extasiée devant ce mur roux d’où surgit la fenêtre disparue, les hautes herbes qui s’en échappent, son cadran de bois sec de guingois. Plus haut, le toit crevé et sa présence divine.

Les hirondelles rentrent à nouveau, dans un ballet interminable, par la fenêtre, sortent par le toit, avec ce mouvement de tête volontaire et abandonnée ― une flèche crève le ciel d’un long cri vibrant.

Rentrer par la fenêtre qui n’existe plus.

Sortir par le toit crevé. Puis remonter la ruelle, se rapprocher de l’église : voilà que près du clocher une nuée d’hirondelles sifflent encore plus fort qu’une cloche retenue par une étoffe. Elles tissent des ellipses de plus en plus larges, en lignes brisées, contournent toutes les arrêtes, s’abattent sur le clocher s’éloignent reviennent, et c’est comme si imbibées de la résonance de la cloche, elles diffusaient leurs cris de joie, dissipaient les quelques malheureuses pensées encore prisonnières d’un coin d’ombre.

Ici deux églises se font face, la catholique et l’orthodoxe. Et le caractère des habitants que la géographie des lieux façonne m’imbibe de cette double face. La fervente jouisseuse impose ses croyances à la mystique réaliste.

Quand nous irons encore, aussitôt entrés dans l’église, nous étoufferons Le Cri. Parce que nous reviendrons avec nos voix étouffées. Repartirons avec nos joies extirpées.  Nous pénètrerons dans cet intérieur si coloré que la victoire du cri libéré s’égrène tard dans la soirée, les pieds dans l’eau, une fois le calme murmuré par le clapotement de l’eau noire attendrie, une fois le ciel rougi par le soleil assoupi, une fois le souvenir inscrit entre une vague, puis une autre, puis la suivante qui allonge le cri libéré.

Avant de franchir la grille de bois vert une dernière fois, celle qui sépare le pied du lit de la mer, avant la dernière baignade, nous passerons chez le glacier. Une boule de glace au rhum et raisins secs pour M et moi, crémeuse, qui flatte le regard. La boule aux fraises de Prima a été cueillie à l’instant. La traînée de caramel sur la joue de Seconda a l’éclat d’une peau brunie. Tertia trahie par ses yeux s’enferme dans son silence de plaisir. Et l’on songera que l’on reviendra, voir les petites maisons de pêcheurs perchées à Piana, leur écrin de granit rose, l’éclat violet sur les arêtes de la falaise que le soleil, se souvenant irrémédiablement de ces peintres qui ont su voir, dépose. Et la peau fouettée par le vent, nous filerons d’une côte à l’autre, enivrés par le parfum du rivage, d’une acuité décuplée comme les balbuzards qui nous épient accrochés tout là-haut sur la falaise. Ces balbuzards que l’on aimerait tant rejoindre, embrasser le vaste monde d’un battement d’aile. Nous boirons tant de sel et de vent, que la gorge rassasiée, l’œil exténué tomberont d’un sommeil lourd et profond. Et la promesse du paradis se nichera à tout jamais dans le creux de l’oreiller, là où le souvenir s’accomplit, là où le récit surgit.

Ce que je ne veux pas savoir de Deborah Levy traduit de l’anglais par Céline Leroy (Editions du sous-sol)

 
A tous ceux qui fustigent les autobiographies (j’en fais partie, autant l’avouer), ce petit livre, tout petit, minuscule, aussi fin qu’un clou, est fait pour vous. Il a le pouvoir de s’insinuer à coup de burin dans la conscience pour se poser la question, la seule qui vaille : combien de temps vais-je contourner « ce que je ne veux pas savoir » ?
 
Cette confession étant faite, retournons au projet défendu par Deborah Levy, poétesse, écrivaine et dramaturge anglaise née en Afrique du Sud, qui dans une conférence a déclaré . “I want to create something vulnerable and real,” Ce livre est la première brique de ce projet. Continuer la lecture de « Ce que je ne veux pas savoir de Deborah Levy traduit de l’anglais par Céline Leroy (Editions du sous-sol) »

Impossible de Erri De Luca traduit de l’italien par Danièle Valin (Editions Gallimard)

 
 
 

Il y a un côté très rassurant à s’embarquer dans un livre où est inscrit dès le départ « Vous décidez des sujets, mais moi je décide si j’ai envie de livrer ou non un souvenir. » On sait dès la première page que l’on va assister à une démonstration empirique. Et on jubile parce que l’on sait que la montagne qu’Erri de Luca s’apprête à gravir lui est très familière. Qu’il est tout autant capable de faire tomber ses propres résistances pour explorer sa vérité intérieure que résister aux assauts extérieurs et la sauvegarder. On sait qu’il a le pouvoir de résister à l’ennemi.

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Atelier d’écriture avec Monet, Virginia Woolf et l’œil de la poule

 
  • Deux fois, l’envie tenace de m’y promener, et deux fois j’ai dû rebrousser chemin. Trop de jambes qui se pressent, un attroupement inimaginable, l’enivrement espéré avorté devant cette masse d’yeux impassibles qui ne voient rien puisqu’il est impossible de voir dans ces conditions, un manche extensible à la main, l’un derrière l’autre, chacun cochant la case « vu ». 
 
Si je vais au jardin Monet, il faut que ce soit comme quand je lis un livre : je ne dois pas en ressortir indemne ni ornée d’une guirlande factice. 
 

Montedidio de Erri De Luca traduit de l’italien par Danièle Valin (Editions Gallimard)

 

« La journée est une bouchée ». La voici donc la bouchée dont j’avais besoin ces jours-ci. Posée au sommet de ma tour italienne, ce « Montedidio » attendait que ma soif d’ascension se déclare. Une envie d’ailleurs, un voyage à Montecatini dans une pension que j’aime beaucoup annulé, un besoin de lumière crue et de sauvagerie. Le souffle du grand placard de livres de quatre-vingt centimètres de profondeur où je déplace les montagnes selon la météo (une photo pour illustrer peut-être un jour) a frappé les flancs du Montedidio, et je l’ai lu en un jour Continuer la lecture de « Montedidio de Erri De Luca traduit de l’italien par Danièle Valin (Editions Gallimard) »